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[texte inspiré Des Champs des Possibles]

J’ai choisi de devenir éleveuse pour être libre. On pourrait me dire « c’est contradictoire de mettre dans la même phrase « éleveuse » et « liberté ». Je n’ai plus de vacances, mais je fais ce que je veux, quand je veux, et ça n’a pas de prix. Par exemples quand je vais voir mes béliers à Nevry, dans une belle parcelle un peu plus loin du reste du troupeau, je me sens en vacances. C’est une autre forme de liberté.
Anaïs Hasselin, bergère, transhume avec son troupeau dans la Bassée, voire un peu plus loin en Seine-et-Marne ; il n’y a aujourd’hui qu’une poignée d’éleveurs localement qui le font encore. Elle emmène ses moutons pâturer sur des “éco-pâturages”, c’est à dire des prairies appartenant à des municipalités ou particuliers qui ont besoin d’être entretenus et qui le seraient à l’énergie fossile si ce n’était pour les moutons qui en broutent avec bonheur l’herbe (quand il y en a encore… La sécheresse de 2022 ne passe pas inaperçue pour la bergère.).


Dès le lycée, et en parallèle d’un bac littéraire, Anaïs commence à travailler dans une ferme pédagogique. Elle suit cette voie entre agriculture et environnement avec un BTS Gestion et Protection de la Nature, où elle rencontre Alexandre Faucher (actuellement éleveur-berger aux Champs des Possibles). Embauchée en tant que naturaliste à la communauté de communes de l’île d’Oléron, son premier contact avec l’agriculture passe par de l’éco-pâturage avec des ânes pâturant les plantes envahissantes de l’île. Côté entrepreneuriat, Anaïs lance ensuite une activité d’éco-pâturage à Nantes, sélectionnée par l’association Unicités pour un service civique. Avec le CRAPA, structure régionale sur les races anciennes, elle anime des balades dans la cité Malakoff à Nantes avec des vaches nantaises. Sa formation se poursuit avec une licence en gestion et aménagement durable des espaces et des ressources à Perpignan, en alternance chez un viticulteur et un éleveur de vaches en montagne.
Découvrant à cette période le métier de berger en Catalogne, Anaïs vit sa première expérience en tant que bergère lorsqu’un ami lui laisse le bâton, les chiens et le troupeau. Emballée, elle postule alors à l’école du Merle, école reconnue de bergers, pour suivre leur formation pendant un an, au sein d’une équipe de 15 apprentis bergers, de 18 à 52 ans. Après l’obtention de son diplôme et un passage de six mois dans le Lubéron dans une ferme de chèvres laitières, elle part en Nouvelle-Zélande, pour apprendre initialement à être tondeuse de brebis. Elle se rend compte finalement que ça ne lui convient pas et enchaîne les voyages pendant deux ans, en wwoofing en élevage ovin ou salariée dans les vignes. A son retour en France en 2020, elle décide de s’installer en Île-de-France pour rejoindre Les Champs des Possibles, saisissant l’occasion que quelqu’un lui fasse confiance pour se lancer.

Son troupeau est composé d’environ 3000 brebis, de toutes les races, avec une base de Suffolk et Limousines, mais aussi des Rava, et Solognotes. « Mes brebis, ce sont des princesses : elles sont très capricieuses car elles ont vu plusieurs bergers. Il faut que je les adapte à comment je veux fonctionner. Elles font ce qu’elles veulent, elles sont un peu révolutionnaires : elles cassent le fil quand elles ont envie de manger ailleurs ! ». En plus du quotidien avec les animaux, elle développe ses partenariats avec les fermes et municipalités locales ainsi que les AMAPs.

Elle milite pour l’abattage itinérant, pas encore possible à ce jour, car les conditions de fin de vie de ses bêtes lui importent énormément.

Son produit: L’agneau